Vestiges coloniaux
Nous sommes à Xiamen, que les puissances coloniales ont rebaptisé Amoy au début du XXème siècle, lorsqu'elles avaient annexé le port et ses ilôts. Nous séjournons sur l'un d'eux "Gulangyu, où se trouvent de nombreux vestiges architecturaux de ce passé colonial. Vestiges est bien le mot car la plupart de ses grandes batisses sont à l'abandon. Politiquement, on comprend aisément que la grande Chine rouge n'ait pas voulu sauvegarder ces souvenirs d'un passé noir, celui où les parcs publics des concessions étrangères étaient "interdits aux chiens et aux chinois": C'est sur le terreau de cette ségrégation et de l'exploitation du pays qui l'accompagnait que s'est développé la constestation et le parti communiste. Le cour d'histoire politique s'arrête là. Ce qui nous étonne en fait c'est que contrairement à ce que nous avons vu dans le reste du pays, ces demeures n'ont pas été détruites ici, pour laisser la place à des immeubles... C'est pourtant le cas juste en face, à Xiamen, ville de 1 millions d'habitants avec ces tours, ses centres commerciaux, Carrefour, Mac Do, Starbucks et grandes chaînes d'hôtels. Le contraste est saisissant.
Gulangyu a laisse la modernité au continent et vit sans véhicule à moteur, hormis le camion quoi ramasse les ordures. C'est un peu comme dans l'île de Bréhat mais c'est tout de même bien plus peuplé! Le caillou, sans doute de la taille de notre ilôt breton, est entièrement urbanisé mais a le bon goût de n'accueilir ni voitures, ni motos, ni cyclos... Même pas de vélos. C'est donc très calme et bien plus exotique qu'à Shanghaï où les marchands et restaurants ambulants ont disparu. On se sent en immersion dans la Chine profonde avec ses gargottes où trônent, en devanture, des bassines remplies de poissons et de crustacés. Il fait très chaud : 30° en journée et un taux d'humidité qui doit friser les 90% alors les bestioles sont maintenues vivantes dans la flotte, avec bassines ou mieux, aquariums, pour que leur chair reste fraiche.
L'île est envahi de touristes, ce qui évidemment gache un peu le plaisir: on se croirait dans un souk car les ruelles sont étroites, bruyantes et enfumées par les nourritures cuites en plein air. Il y a des plages mais nous ne préferons pas nous baigner car l'eau est vraiment crade. Et pourtant, elle est bien chaude! Il y a aussi des dizaies de mariées partout car l'endroit semble très prisé pour les photos de mariage que les Chinois aiment beaucoup. Les couples passent des heures sous le soleil à poser dans leurs lourds habits et à répondre aux conseils de photographes qui trimbalent d'impresssionnants équipements: spots, réflecteurs... Sans parler de la taille des téléobjectifs, à faire palir d'envie mes collèges photographes sportifs du journal. Cela semble un brin démesuré puisque la plupart des portraits qui ressortent dans les albums sont cadrés très serrés car il faut éviter d'avoir en fond des échaffaudages, des claustras pourris ou des tas de gravas... Et les grues du port de commerce si la prise de vue a lieu sur la plage.