Au rayon culture

Voilà une constatation qui va faire plaisir à Jean-Louis Fournier : il y a ici des librairies en grand nombre. Presque autant que des Applestores dans les villes chinoises. Rappellons que à Chengdu, il y au moins 30 boutiques à la pomme, en revanche, pas beaucoup de libraires hormis ceux de livres scolaires (ce qui a beaucoup chagriné notre ami écrivain lorsqu'on lui a raconté notre trimestre en Chine).  Dans le métro chinois, personne ne lit, tout le monde a les yeux rivés sur son écran miniature. D'où notre surprise de provinciaux sans métro de voir qu'à Buenos Aires, les passagers sont souvent en train de lire, des bouquins, le journal... Les kiosques à journaux regorgent de quotidiens, de magasines  et de très belles revues. On trouve aussi beaucoup de théâtres, de lieux de concerts, de spectacles, de conférences, des centres culturels à la pelle et plein d'artistes de rue. Nos quelques discussions avec des Argentins montrent qu'ils sont cultivés, fervents lecteurs, amateurs d'histoire, de peinture...(Je viens de tester une fois encore avec le réceptionniste de l'hôtel, féru d'histoire de France).

 Les sorties culturelles tiennent une grande place dans la vie sociale. Il existe une chaîne spécialisée « arts et spectacles » avec des retransmissions de spectacles mais aussi des  interview ou documentaires sur des écrivains, des metteurs en scènes, des peintres. Il y a aussi une émission hebdomadaire qui consiste à suivre les répétitions d'un spectacle : tout le travail de mise en scène et de direction de comédien est dévoilé. Bon, c'est vrai, les trois canaux précédents sont trustés par des chaînes de football et eux aussi ils montrent les entraînements...

L'autre jour, nous sommes passés devant un de ces bâtiments en voie de décrépitude du centre de Buenos Aires. Sa façade en granit, imposante, montrait qu'il avait été fort beau. Sur son frontispice est gravé  « Biblioteca nacional ». Comme la porte était ouverte, nous sommes rentrés et à l'intérieur, nous avons pu deviner le lustre évanoui du lieu : colonnes, stucs, moulures, escalier monumental, verrière... Sans parler des étagères ouvragées hélas vides aujourd'hui. Les gardiens ont senti notre intérêt et nous ont ouvert la salle principale. Ils nous ont expliqué que la bibliothèque nationale a déménagé dans des locaux neufs. Le bâtiment a été converti en conservatoire de musique et de danse traditionnelle et qu'il n'est donc pas à l'abandon (bonne nouvelle).  Ils nous ont aussi montré les sphères de cuivre utilisées dans  la ferronnerie de l'escalier : ces sphères à remuer les numéros du loto datent d'une époque où la loterie nationale était installée là.

La littérature qui vire la loterie, ça a de la gueule non?